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doute eſt un chéfd’œuvre en-ſon genre, captiva d’abord mon eſprit par le charme des vers, ét finir par m’inſpirer du mepris pour les ſaintes verites de la religion. À l’appui de ce Livre dangereus, vinrent le Chriſtianiſme-devoilé  ; le Dîner-du-Comte-de-Boutainvilliers  ; la Contagion-ſacrée  ; l’Effai-ſur-les-Prejugés  ; Bolinbroke  ; les Lettres-ſur-les-Miracles  ; la Confeſſion-de-foi des Theïſtes, ét quelques-autres Ouvrages de la même-trempe. Il y-joignit quelques-unes des faibles Apologies de la religion, ſi propres à la detruire dans nos eſprits par leur inſuffisance. Mais en-même-temps que D’Arras m’éclairait, ſelon lui, m.r Parangon de-ſon-côté, ſongeait à-porter dans mon cœur une corruption, qui me-fît desirer que les maximes de ces Livres damnables fuſſent la verite. En-conſequence, il me procura par lui-même tout ce que la lubricite a-dicté de plus-infame. Je n’avais-jamais entendu parler de mauvais Livres, ét je prenais ſans defiance tous ceux qu’il me presentait ; je les lus d’abord avec curiosité, bién-tót par goût, enfin, j’en-demandai moi-même.

Ce fut alors que m.r Parangon crut pouvoir hasarder quelques diſcours. Je le reçus comme il le meritait ; La corruption de mon cœur n’était encore que theorique, pour-ainſi-dire, ét j’étais dans la pratique, auſſi reservée qu’auparavant. Mais l’on ſent bién qu’une vertu qui n’a plus de base, ne peut manquer de ſ’écrouler ; inſenſiblement je m’accoutumai à en