Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pays, ét que je me-trouvais plus-honorée d’être avec elle, qu’avec toutes les autres Filles. Et elle m’aimait bién auſſi, de-même que mon Frère-Edmond ; ét je crais que ſi Edmond avait-été l’aîné, deſtiné pour reſter au Village, qu’elle n’en-aurait-pas-été-fâchée : car Pierre eſt par-trop-ſerieus, Mais c’eft pourtant un bon-humain : mais Ça n’a pas cette aimable façon d’Edmond. Et une fois, que j’ai-écrit ici en-cachette de tout le monde à Edmond, pour qu’il me fit venir à la Ville, c’eſt Fanchon qui a-porté ma Lettre à la poſte à V★★★ ; ét quand Edmond eſt-venu, elle lui a-redemandé ma Lettre, depeur qu’elle ne fût-trouvée. Je ne ſais pas ſi vous l’avez-lue, Madame ; car elle était bién-ſimple ! mais je ne ſavais pas encore trop-bién-écrire une Lettre[1], Dans tous nos jeux ét dans tous nos amusemens, j’ai-toujours-preferé Fanchon à mes propres Sœurs. C’eſt qu’elle eſt ſi-aimable, ſi-complaisante ! Et-puis nous-nous-disions tous nos petits ſecrets. Par-exemple, à-present, elle m’avoue, que Pierre notre Aîné lui inſpire du reſpect, ét qu’elle a plûs de confiance en-lui, qu’elle n’en-aurait-eu en-Edmond, quoiqu’elle eût— peutêtre-eu plûs d’amitie pour le Dernier. De mon côté, je vais toujours lui contant mes affaires ét toutes mes penſées, ét que je ne m’écarterai jamais de la crainte de Dieu à la Ville, ſous votre bonne protection, Madame.

  1. Elle ne ſ’eſt-pas-retrouvée ; ſans-[illisible] qu’elle était trop-ſimple, ét que Fanchon [illisible]