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occupations, je les choisiſſais toujours à la chambre, ét non à la campagne comme mon Aînée ; j’aimais tous les jolis ouvrages-d’aiguille, comme apresent. Mon caractère a-toujours-été-doux ; mais j’aimais à commander, avant d’être tout-à-fait raisonnable : apresent, ce que je prefererais, ça ſerait de vous obeir : je fuis unpeu-vive, fière, orgueilleuse ; j’aimerais à-paraître, à être-riche… mais je crais que je l’ai-deja-dit, en-parlant de mes goûts. J’ai-toujours-tendrement-aimé mes Frères ét Sœurs ; mais principalement Edmond, ét toute mon envie, ſi jamais je fesais mon chemin, ça ſerait de leur être util, ét d’avoir la gloire, que mon Père ét ma Mère dîſſent le ſoir aux veillées, quand ils causent entreux devant toute leur Famille : — C’eſt pourtant notre fille Urſule, qui procure telle ou telle chose à ſon Frère, à ſa Sœur -! Il me-ſemble que je ſerais bién-glorieuse, ſi on disait ça de moi ; comme je l’ai-entendu dire de vous, Madame, au ſujet d’Edmond ét au mién. C’eſt ſur-tout à Edmond que je voudrais être profitable, quoique je ne ſache pas trop comment ça pourrait-être. Je voudrais-bién auſſi l’être à ma future Belle-ſœur-Fanchon : car vous ne ſauriez-craire, Madame, comme c’eſt une jolie-fille ! je crais pourtant que vous l’avez-vue à notre voyage à Auxerre ; elle y-était, comme vous ſavez Nous ſommes amies dès l’enfance ; car outre qu’il a-toujours-été-dit qu’elle ſerait ma belle-ſœur, c’eſt qu’elle eſt la plus-jolie de tout le Pays,