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mais non ce charme produit par les avances ét les careſſes d’une Coquette, qu’il vous plait de nommer de l’amour. — J’ai pour elle de la reconnaiſſance. — Fondée, ſur quoi ?… Uniſſons, je vous prie, tous-deux notre reconnaiſſance, elle aura des effets rares !… Eh ! rougiſez, non devant moi, je ſuis votre amie ; mais à vos propres ïeus… Auriez-vous-tenu de pareils diſcours devant Urſule ? — Madame, je ne vois pas… — Ce qui vous en-aurait-empêché… Ah ! mon pauvre Edmond, ſans moi, vous étiez-perdu, je le vois !… L’on vous aime, dites-vous ! l’effort eſt ſublime ! L’on vous donne ſon bién (je ſuis-inſtruite, comme vous voyez) ? Un ſi petit interêt vous toucherait-il ? N’eſt-il donc que ce Parti pour vous ?… Ne voyez-vous pas qu’elle a-d’abord-voulu vous rendre ſa dupe ; qu’elle vous a-vu de trop-près, ét qu’elle-même eſt-devenue celle de l’amour (car je ne dois pas dire la vôtre) ; ét vous voila penetré !… D’Arras, par amitié pour vous, je le veus, aide à vous pouſſer dans le precipice ; parceque, ne ſachant pas qu’on a d’autres vues plus-avantageuses, il crait que vous n’avez de route à ſuivre, que celle que vous offre l’occasion presente, ét que vous ſerez-heureus, quand vous aurez une ſorte de fortune. Je l’excuse : Un Moine ne peut avoir l’idée d’une certaine decence de mœurs, qui n’eſt-connue que des Honnêtes-gens mariés… Venons au-fait, Edmond : ſi yous étiez-aimé ailleurs, ét plus-tendre-