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repugnance qu’on voit à Tous-ceux qui ont-gouté de la Ville, à-retourner ſ’abâtardir à la campagne ; à quitter le rôle d’Homme-poli des Villes, ét les airs qui lui conviénnent, pour reprendre le titre ridicule de Campagnard, ét participer à l’ignobilité qui en-eſt le vernis[1]. On ne ſaurait craire combién un motif, ſi-faible en-apparence, retient de Jeunesgens, ſans qu’eux-mêmes ſe-doutent que ſi-peu-de-chose les determine ! Ajoutez cependant auſſi, que le ſejour des Villes eſt plus-riant, les objets plus-agreables ; que la faculté-de-penſer y-eſt plus-fine, plus-developée : (ét c’eſt ici un grand point, mon Ami ! car la façon-de-penſer ſe-communique, ét dès qu’on l’a-prise, on ne ſe-plait conſtamment qu’avec Ceux qui l’ont ; on dedaigne les Autres ; on eſt-fatigué de ſa ſuperiorité. Tu me-diras, que les Gens-des-Villes ont plûs de mechanceté ; je te les abandonne : mais les raisons que je t’ai-données ſont-fortifiées par une autre, qui a ſa ſource dans le-panchant le plus-naturel ét le plus-doux ; c’eſt que les Fammes ſont ici de belles fleurs, des eſpèces de Sirènes enchantereſſes, qui donnent des plaisirs de mille-genres differens : chés nous, l’on ne ſent que le fisiq de l’amour (c’eſt-à-dire, les plaisirs des ſens) : à-l’exception de quelques cœurs delicats, tels que le tién, mon Frère, on n’y-connaît guère la tendreſſe : mais où je ſuis, le fisiq de l’amour ét la tendreſſe

  1. Ceci eſt encore plus vrai de la Cour relativement à la Ville. [L’Éditeur.]