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tre, ou il l’avait-repris. Dans le même-temps, Madame m’ayant-écrit de lui envoyer quelques paniers de fruit ét de gibier, j’eus-besoin de papiers pour arranger tout-cela ; j’en-demandai à m.r Parangon ; ét dans ceux qu’il me-dit de ramaſſer, les deux Billets ſ’y-trouvèrent parhasard. Je ne les vis pas ; les paniers arrivèrent à Paris, ét Madame jeta ces papiers ſans les regarder : mais les Perſones chés quî elle était, les virent, ét lui en-parlèrent en-termes couverts ; ces Perſones d’ailleurs ne connaiſſaient pas m.lle Manon, ét ne ſe-doutaient pas qu’un de ces Billets fût pour Celle qui gouvernait la maison, ét l’autre de ſa main. Ainſi, après que Madame a-été de-retour ici, on a-cru devoir lui renvoyer ces deux Lettres. Jugez de ſon étonnement, quand elle a-reconnu l’écriture de ſon Mari ét de ſa Cousíne ! De mon côté, j’avais-eu diverſes indices d’un criminel commerce entre Monſieur ét m.lle Manon ; ét j’avais-même-decouvert quelque-chose de ce qui vous concernait : mais je n’avais-pas-cru devoir en-écrire ouvertement à Madame. Ce n’a-été qu’à ſon retour, qu’elle a-penetré les deſſeins de ſon Mari à votre égard, par quelques converſations qu’elle a-entendues à-la-derobée, entre lui ét m.lle Manon. Elle en-a-eu horreur ; ét ce n’eft que depuis ces lumières, qu’elle ne voit plus ſa Cousine de bon-œil ; elle lui pardonnait preſqu’une faibleſſe ; elle ne ſaurait-excuser une tromperie auſſi-noire. Vous l’intereſſez vivement,