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Mari ét la Cousíne de Madame, ils ſe-preparèrent ſerieusement à realiser ce qu’ils alaient-accomplir aujourd’hui. Les dedains que vous avait-montrés m.lle Manon, n’étaient-qu’affectés ; c’était une ſuite des conſeils de m.r Parangon, auquel l’experience n’avait-que-trop-appris, combién les obſtacles donnent de valeur aux Objets ! Il eſt ſi-vrai que m.lle Manon ſentit pour vous un goût naiſſant dès les premiers jours de votre arrivée, qu’elle ne m’en-fit-pas-miſtère dans un-moment de belle-humeur, en-me laiſſant voir qu’elle me-craignait pour Rivale. Je crus devoir la raſſurer. Mais quel fut l’effet de ſon goût naiſſant ?… Lisez ce Billet ; vous connaiſſez la main qui l’a-tracé ?

Il faut une fin à tout, charmante Cousine, aux rigueurs comme à toute autre chose : Je n’ai-pas-voulu te le dire ce matin, quand je l’avais ſi-belle, depeur de voir tes ïeus mutins ſ’armer de colère ; mais je te l’écris : ét comme Je vais dîner en-ville, tu auras le temps de faire tes reflexions avant mon retour. Dans le vrai, n’eſt-ce pas ta faute, ſi cette Tiénnette me-diſtrait encore de l’adoration que je dois à tes charmes ? Tu n’avais qu’à me-laiſſer-faire l’autre jour, ét je n’y-ſongerais deja plus. Je crais même que ce n’eſt pas elle que je convoite ; c’eſt ſa tâille-pincée ; cet ajuſtement ſimple ét charmant, ſi-mauſſade ſur les autres Filles de ſon acabit, ſi-appetiſant, ſi-provoguant ſur elle, Prens-y, Cou-