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positions ; il osa m’enfermer, ét ſe-permettre des diſcours libres, qu’il me-forçait d’entendre : car je ne ſais à quel propos, il ala me-dire que l’Homme qui m’avait-tourmentée dans l’auberge, ne cherchait qu’à lui procurer un triomfe facile ; ét que ſi J’avais-ouvert, lorſqu’on avait-frappé, ſous pretexte de venir à mon ſecours, il n’en-ſerait-pas-reduit à desirer une chose, dont il aurait-joui dès ce moment-là. Durant qu’il me tenait ce langaje, il employait la ruse ; il me-disait en-riant que pour-le-coup, je ne pouvais lui échapper, Ma ſituation devenait alarmante. Je me-defendis en-deseſperée : mes cris l’étonnèrent, mais ne le rebutaient pas ; il ſ’efforça de les faire-ceſſer par un moyén digne de lui… Il y-reüſſit, ét mon indignation en-redoublant mes efforts, épuisait mes forces, lorſque j’entendis m.lle Manon toute-eſſoufflée, qui criait à la porte. M.r Parangon ſe-hâta de ſe-remettre. Il ouvrit : m.lle Manon entra furieuse ; je fondais en-larmes. Elle accâbla ſon Cousin de reproches ; elle osa me-dire à-moi-même, que je venais d’avoir ce que j’avais-cherché. — Non, Mademoiselle, m’écriai-je, non, je ne l’ai pas plus que je ne l’ai-cherché ; non ; grâce au Ciel, ét à vous ; quoique vos me-traitiez ſi durement, je ne vous en-ai pas moins d’obligation. Mais je m’en-vais ; je ne reſtera ! pas une minute ici-… Je deſcendis vivement : m.lle Manon courut après moi. Elle me