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Fille (me-dit m.me Parangon), que tu me prouveras que tu es-digne de mon eſtime, en-ne voyant jamais ton Amant ſeule-à-ſeul ; il faut t’y-engajer ici -? Je n’hesitai pas à le promettre ; ét je n’y-ai-manqué qu’une ſeule-fois, ét dans une occasion où des raisons importantes m’y-obligèrent ; ce ne fut pas même une entrevue : puiſque je ne lui dis qu’un mot, pour le preſſer de venir ſur-le-champ dans une maison où ſa presence était-neceſſaire, M.r Loiseau arriva donc : ma Maitreſſe le vit, ét elle approuva mon chois ; elle fit plûs, elle ſe-chargea de tranquiliser mes Parens, en-leur-marquant, que j’étais dans une maison honnête, dont la Maitreſſe, devenue mon amie, ſerait une caution ſuffisante de ma conduite, dés que cette Dame voudrait ſe-faire-connaître. J’ajoutai de ma main quelques lignes à cette Lettre ; je leur demandai mille pardons de ma fauſſe demarche, ét je leur promis devant Dieu, de ne jamais rién-faire-d’indigne de leur ſang, ni de l’éducation quíls m’avaient-donnée. J’appris de m.r Loiseau que mes Parens avaient-montré cet Écrit à tout le monde, ét qu’il avait-beaucoup-dimnué l’amertume de leur douleur.

» Ce fut dans ces circonſtances que la mort d’un Parent fort-riche, dont elle eſt unique heritière, obligea Madame d’aler à Paris. Dès qu’elle eut-reçu la nouvelle de cette mort, elle m’appela : — Mon Enfant, me dit-elle, il ne ſerait-pas-prudent de laiſſer un