Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le lit, où par les violences les plus indignes, il ſ’efforça de laſſer ma resiſtance. Dans cet inſtant, on frappa rudement à la porte ordinaire de la chambre : le Brutal qui me tenait ſ’enſuit par la porte-derobée qui était à la ruelle. J’étais-ſi-épuisée, qu’à-peine je pouvais me-mettre à mon ſeant. Ce fut ce qui me ſauva. J’eus le temps de reflechir. Mon premier ſoin fur de fermer le verrou que je trouvai à la porte ſecrette : enſuite, je declarai que je n’ouvrirais à Qui-que-ce-füt, que je n’aperçuſſe le jour, puiſque le Scelerat qui m’avait-inſultée venait de fuir, ét que j’avais-pourvu à ma ſûreté, enefermant les portes en-dedans. On fut quelque temps ſans me repondre, ét je crus entendre deux Perſones qui chuchetaient : enfin l’Hôteſſe éleva la voix, pour me-demander, ſi je rêvais, ou fi mes terreurs étaient-reelles ? elle m’exhorta ſerieusement à dormir ; ét ſe-retira. Il ne m’arriva rién le reſte de la nuit. Le lendemain, je deſcendis ſur les huit-heures, lorſque j’entendis le monde de la maison ſur-piéd. Je demandai à payer, pour changer de logis L’Hôteſſe me fit des excuses ; elle me dit, que tout ce qu’on en-avait-fait, n’avait-été que pour m’éprouver ; qu’elle voyait bién que j’étais vraiment une honnête-fille, ét que pour me convaincre qu’elle était auſſi une honnête-famme, ét detruire les impreſſions fâcheuses de la nuit, elle alait me procurer une condition ; ce qu’elle n’aurait-pas-osé faire la