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deux Fils ét une Fille : cette Dernière devint mon amie, ét fut la cause de tous les desagremens que j’ai-éprouvés. En-voyant tous les jours la Sœur, je ne tardai pas à devenir familière avec le Frère-aîné : Ce Jeune-homme avait-reçu la meilleure éducation ; il avait-toujours-vecu dans le grand-monde, ſoit à Dijon, ſoit à Paris : malgré ſa jeuneſſe, il avait-été precepteur du Fils d’un President de la première de ces deux Villes : mais ſon Élève mourut, ét il revint à la maison paternelle. Un caractère plein de douceur, un cœur ſenſible, des mœurs pures le diſtinguaient des autres Jeunes gens ; mon Père ét ma Mère l’accueillirent : mais dans le temps où nos cœurs étaient-deja-liés, ſans que nous y-euſſions-ſongé, Therèse-Loiseau eut une faibleſſe deshonorante avec un Commis aux-Aides. C’était un Libertin, mais riche ét de bonne-famille, qui ſ’éloigna, dès qu’il ſut l’état de ſa credule Amante. Vous ſavez comme on eſt dans nos petites Villes. Mes Parens, ét ſurtout mon Père, me-defendirent de voir quî que ce fût de cette Famille. Je l’avoûrai, à ma honte, je ne me-ſentis pas la force d’obeir : l’on en-eut chés nous quelques ſoupçons, ét l’on ſe-determina, fans m’en-prevenir, à me-marier avec le Premier qui me-demanderait. Je ne voulais être à Perſone ; mais quand j’aurais-été-plus-diſposée à la ſoumiſſion, ce futle plus-haïſſable des Hommes, dejarefusé par moi, qui ſe presenta. Je