Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/150

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vous ne ſauriez voir battre un Chién ; vous éleverez doucement nos Enfans, par reprimandes temperées de bonté, ét vous les engagerez à biénfaire par ce petit ſourire grâcieus que vous faites à-present : vous êtes unpeu devote ; c’eſt bién-fait ! je ne le ſuis-guère, moi ; mais j’aime le Bondieu, ét le prie matin ét ſoir pour mon Père, ma Mère, mes Frères ét Sœurs, ét je ne vous oublie pas : vous n’aimez pas les Prêtres ; vous avez raison ; une Femme doit regarder ces Gens-la ſans leur parler, ét leur parler ſans les regarder : ce qui veut dire, les voir à l’autel, ét leur parler à confeſſe : Par-ainfi, Fanchon, nous ſerons bién enſemble tous-deux-. En-finiſſant de dire ça, je la laiſſe, ét je la vois, quand je m’en-vas, qui me-regarde tant qu’elle peut : ét ſi je me-retourne tout-à-fait, elle baiſſe les ïeus, ét deviént toute-honteuse. Tout ça ne te paraîtrait plus rién, à ç’theure, à toi, que tu as-tâté de la friandise des Villes ; ét voila comme vous rebronchez la pointe de votre ſenſibilité dans ce pays-là. Quant à ce qui te regarde, mon Edmond, ton bonheur m’a-paru grand ét beau ; ét il ne ſ’agit plus que de le bién-meriter ; ét c’eſt ce que J’eſpère de toi : je te-prie de m’inſtruire de tout, ét ſur-tout de ces petites manigances de m.me Parangon, dont je ne vois pas le fin ; ſi ce n’eſt que je ſoupçonne Tiénnette de quelque trigauderie, Songe principalement que ta Femme va être plûs pour toi que tous les Amis ét que toutes