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à ta noce ; ét ſon Père ét ſa Mère l’ont-bién-voulu, parceque je n’y-vas pas, ét qu’on ne pourra faire auqu’un diſcours dans le pays ſur ſon compre. Tu auras auſſi tous nos Frères ét Sœurs en-état de faire le voyage ; mais à-l’exceptiou de Chriſtine ét de Marianne, ils ne partiront que l’avantveille de ton beaujour : notre Père a-nommé nos Frères Georget ét Bertrand ; ét outre nos Sœurs Chriſtine ét Marianne, Brigitte, Marthon ét Claudine : il ne reſtera donc avec moi, qu’Auguſtin-Nicolas, ét le petit Charlot, avec Babette ét la petite Catiche, qui ſont-fâchés, on ne ſaurait dire combién ; ils vont-flater notre Mère, ils pleurent, ils emploient toutes leurs petites manigances ; ils ont-même-été prier m.r Parangon, qui a-bién-voulu interceder pour eux. Mais notre Père, de ce regard unpeu ſevère que tu connais bién, a-tout-d’un-coup-fait ceſſer tout ce tremouſſement-là, Nous irons tous reconduire notre Père ét notre Mère juſqu’à mi-chemin, là tout juſtement où eſt le berceau, à-l’exception de, Georget, qui ſ’eft-offert à garder la maison à ma place : tu ſais qu’il eſt la bonté même, ce pauvre Georget. S’il faut te le dire, mon Edmond, malgré leurs juſtes ét leurs habits-de-village, je ne crais pas qu’on trouve Fanchon ét nos Sœurs mal à la Ville. M.r Parangon ne peut ſe-laſſer de les admirer : il dit ſur-tout qu’il ſe-meurt d’envie de voir Urſule. Je te ſouhaite, mon Ami, l’accompliſſement de tous tes desirs, ét j’embraſſe ta