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bién-vrais car ce ſont des proverbes. — Écoutez ma Nièce, c’eſt une brave-femme ; entendez-vous ? écoutez-la… Ma-foi-oui ! à dixhuit-ans, un Garſon comme vous ſ’aler brider ! Il fait beau-voir marier les Enfans ! Alez ; Femme eſt marchandise trompeuse : Qui n’en-a point, ſ’en-point ; mais qui enprend, ſ’en-repent. J’ai-été-femme (car on ne l’eſt plus à mon âge), ét je les connais ; elles vous gourent ces pauvres Hommes ! Hum ! les Serpens !… Tenez, J’en-ai-connu, ét J’en-connais encore-… Heureusement, m.me Parangon ét ma Sœur l’ont-interrompue en-ſ’approchant, ſans quoi j’alais eſſuyer un nouveau deluge de proverbes. Il paraît que le ſecret de mon mariage a-tranſpiré, qu’on en-a-bién-parlé depuis l’arrivée d’Urſule, ét qu’on le desapprouve. Ce qui me-conſole, c’eſt que notre Sœur ignore qu’il doit ſe-faire ſi-promptement. Cependant j’éprouve une peine ſenſible, c’eſt que m.me Parangon verra que j’ai-deguisé avec elle. Cette penſée-là me-tourmente… J’attendrai le retour de m.r Parangon, avant que de rién hasarder.

Me voila bién-embarraſſé, mon Pierre ét je ne ſuis pas aubout ! Je prevois des tracaſſeries. Mais je ſuis-decidé.

P.-ſ. Urſule eſt-reſtée chés m.me Canon, où m.me Parangon veut qu’elle demeure. Elle doit écrire un de ces jours à nos chèrs Père ét Mère.