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— Mon Cousin eſt en-campagne (m’a-t-elle-dit), — Oui, mademoiselle ; il eſt parti de ce matin. — Sait-on où il eſt-alé ? — Je l’ignore, Mademoiselle : mais Madame… (Elle m’a-vivement-interrompu) : — Madame l’ignore auſſi. — Que nous importe ſon voyage (ai-je-dit en-riant) ? auprès de vous, quelqu’autre chose doit-il m’occuper ? — J’aime ce que vous dites-là, Edmond ; mais en-parlant du voyage de mon Cousín, je ne voulais vous parler que de vous : c’eſt chés vos Parens qu’eſt-alé m.r Parangon, Nous ſerons heureus ; je commence à le craire : je n’avais-pas-encore-osé me-livrer à cet eſpoir : mais le ſecret que vous avez-gardé ; aſſure nos projets. Defiez-vous de ma Cousine : m.r Parangon êt moi nous voudrions bién que, ſ’il était-poſſible, elle ne ſût notre mariage que le jour même. — Je m’y-ſoumets (ai-je-repondu) : mais cependant pourquoi nous cacher d’elle ? je ſais qu’elle vous aime ? — Je le crais auſſi ;… mais… elle a quelquefois des idées particulières… Faut-il vous le dire ? J’ai quelques torts avec elle, ét je l’avoue à mon Ami… Ah ! que ne vous ai-je-connu plutôt ! Je vous aime fincèrement ; que le ſecret de nos cœurs ne ſait qu’entre vous ét mois ſ’il était-connu d’un Tièrs, quel-qu’il-fait… vous me-perdriez… Dans quelques-jours, nous ſerons tout l’un pour l’autre ; êt vous ſentez que ſous ce point-de-vue, il n’eſt Perſone au monde que vos interêts touchent comme moi. Ainſi, crayez