Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jeune-frère : — Mon chèr Bertrand, tu retournes au Village, puiſſes-tu n’être-jamais-tenté de le quitter ! car tu n’aurais peutêtre pas le même bonheur qu’a notre Edmond : ét pour moi, je te ſuivrais, j’abandonnerais toutes les eſperances qu’on m’a-fait-concevoir, ſi je n’avais-trouvé un bon Guide, qui ne desire que l’avantage d’Edmond ét le mién ; la Dame d’ici eſt une protectrice pour moi, qui me-ſervira de mère. — Eſt-ce un charme, me-ſuis-je-involontairement-écrié ! la Sœur, le Frère, tousdeux ont les mêmes ïeus, le même cœur -!… Tiénnette était derrière moi ; elle a-ſervi, ét ſ’eſt-mise-à-table avec Urſule ét notre Bertrand, en-m’avertiſſant que l’on commençait à dîner dans la ſalle. J’y-ſuis-deſcendu.

Dès que mes Camarades ont-eu-repris leurs occupations, m.me Parangon m’a-conduit auprès de ma Sœur. Nous y-étions à-peine, que Tiénnette eſt-montée nous dire, que m.lle Manon venait d’entrer. M.me Parangon ſ’eſt troublée ; Urſule a-rougi ; elles ſe ſont-regardées. Après un moment d’indecision, m.me Parangon m’a-dit d’aler entretenir ſa Cousine, ét de l’engajer è à paſſer dans le jardin, ſous le pretexte du beau-temps qu’il fait, tandis qu’Elle, ma Sœur ét Bertrand ſortiraient pour ſe-rendre chés m.lle Canon (c’eſt le nom de la Tante dont elle m’avait-parlé), où j’irais les joindre, dès que je ſerais-libre.

J’ai-volé auprès de ma chère Pretendue. Tu n’as-point-d’idée, mon Frère, de la peine que