Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/133

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il n’y-a pas de ſens ! Etpuis je ſerai-marié, je verrai ma Sœur, ét je pourrais la cacher à ma Femme ! ll faudrait, pour cela, que nous vecuſſions dans une Ville inmenſe comme Paris… Et pourquoi ce miſtère ? Enverité toute Femme eſt femme, ét m.me Parangon comme une autre… Mes doigts ont-tremblé, en-écrivant ces derniers mots ; il me-ſemble que je blaſfème un Etre plûſqu’humain. Effectivement, ce qu’elle venait de dire à Urſule, l’empire qu’elle a-deja-pris ſur ſon eſprit, tout cela me-confond, m’étonne, ét m’interdit le murmure… En-entrant auprès d’Urſule, j’ai-trouvé qu’elle avait les ieus rouges comme ſi elle venait-de-pleurer ; cependant elle m’a-paru fort-enjouée. Elle m’a-dit, en-me-prenant la main : — Mon Frère, en-venant ici, je ne pouvais contenir la joie que je reſſentais à-chaque-pas qui m’approchait de toi : j’ignorais pourtant un autre bonheur qui m’attendait, ét que tu m’as-preparé, ſans le ſavoir : Mon Ami, tu m’as-ouvert deux cœurs qui ne ſont pas difficiles à connaître… en-un-moment, le mién ſ’eſt-trouvé à l’uniſſon-. (Elle ſ’eſt-arrêtée unpeu en-me-regardant : étpuis elle a-repris :) — Edmond, tout ce que Madame viént de te dire, eſt raisonnable ; il ne faut pas hesiter ; car je te-dirai, que nous ſommes biénheureus tous-deux, d’avoir-trouvé une Amie ſi-vertueuse ét ſi-bonne… Sans elle, la Ville… ce qu’on en-dit.. les Hommes… les Femmes… tout me-ferait-peur-. (Et regardant notre