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Mon Ami ! les Femmes ſont ſingulières ! ét je ne ſais ſi je ne dois pas me-repentir de la deference ét de la ſoumiſſion abſolue que j’ai-marquées, peutêtre unpeu-trop-precipitamment, à la Plus-parfaite de toutes ! Il faut commencer par te dire, que ce matin m.me Parangon venait de partir pour la campagne, quand ma Sœur eſt-arrivée (j’avais-oublié de te le marquer) ; par-conſequent il ne l’a-pas-vue. Étant-redeſcendu ſur les onze heures, après t’avoir-écrit, j’ai-trouvé m.me Parangon dans la ſalle. — Nous avons là-haut, m’a-t-elle-dit, une jolie Villageoise ! Quand elle ſ’eſt-presentée, j’ai-cru voir la taille degajée des Nimfes de la mithologie ; le ſon harmonieus de ſa voix, les ïeus modeſtement baiſſés, ſon timide embarras, la candeur qui brille dans tout ce qu’elle dit, m’ont-frappée comme je ne le fus jamais ! Les deux converſations que nous avons-eues enſemble m’attachent à elle pour toujours. Tiénnette la coîfe ; les habits de l’aimable Urſule ſont-ſimples ét ſans éclat ; mais comme elle les embellit ! Je n’ai-pu m’empêcher de repondre : — Madame, c’eſt ce qu’on disait un jour de vous à Tiénnette. — Vous me-rendez pour Urſule mes complimens… Il eſt une chose que je voudrais bién-exiger de vous : On ignore que votre Sœur eſt ici ? — Exactement, madame. — M’accorderez-vous ce que je vais vous demander ? — Moi ! madame ! vous avez la bonté d’oublier que