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grader ! Sans les faibleſſes de Tiénnette, Urſule devrait ſ’honorer d’être ſon amie : Sans un goût exceſſif pour les Femmes, m.r Parangon n’aurait point de defauts eſſenciels : mais c’eſt ce goût deplacé, mal-règlé, qui l’engaje dans des parties-de-table dont le p. D’Arras m’aſſure qu’il ne ſe ſoucie guère, dans la débaûche du vin qu’il n’aime pas, ét qui le porte au jeu qui l’ennuie ; c’eſt ce goût, mais depravé, qui le rend inſenſible aux attraits de ſon incomparable Epouse… Oui, mon Frere, tour-épris que je ſuis de m.lle Manon, ſi ſa Cousine était fille, ét que j’y-osaſſe aſpirer… Mais tu m’as-defendu ces idées-là, Je reviéns à ma Sœur.

C’eſt avec le plus-grand étonnement que je vois que m.me Parangon ne veut pas qu’Urſule demeure avec ma Pretendue ! (il eſt-vrai qu’elle ne ſait pas en-quels termes j’en-ſuis avec m.lle Manon). Cependant je la voudrais laiſſer maitreſſe d’Urſule ; ét je ſupplie nos chèrs Père ét Mére de ne ſ’opposer à rién de ce qu’elle paraîtra desirer. Desobliger m.me Parangon ! je crais que j’aimerais-mieux me desobliger moimême !… un ſi-bon cœur ! une ſi-belle âme ! C’eſt auſſi ce que j’ai-dit à ma Sœur ; il ſuffira qu’elle rende des visites frequentes à ma Future…

Comme m.me Parangon ne veut pas abſolument que Bertrand ſ’en-retourne aujourd’hui, malgré la representation que je lui ai-faite qu’il avait une voiture, je n’acheverai ma Lettre que ce ſoir.