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der comme l’égale de ma jeune Sœur-Fanchette, que j’aime bién-tendrement ! Vous pouvez compter ſur la durée de mes diſpositions à votre égard… À-present, parlez à votre tour ; j’attens que vous m’expliquiez vos ſentimens. — Je ſuis-confuse, Madame, de tant de bontés (a-repondu notre Urſule) ; tout mon desir eſt de les reconnaître, ét toute mon ambicion de m’en-rendre digne ; vous obeir ſera ma loi-. Je ne ſais pas (a continué ma Sœur) ce qu’une reponſe ſi-ſimple a-eu de charmant pour cette Dame ; elle a-dit en-regardant Tiénnette : :: Son eſprit repond à ſa jolie figure !… Elle m’a-embraſſée, ét ſur-le-champ, elle vous a-fait-appeler-.

Je ſuis-reſté-muet, chèr Aîné, à ce diſcours d’Urſule : il me-plonge dans un caos où je ne puis rién debrouiller ! Tiénnette eſtimable ! l’amie, la conſolation de ſa Maitreſſe !… Je le vois, m.me Parangon eſt la dupe de cette Fille : elle ignore les nouveaus écarts de ſon Mari ; elle ne parlait que des anciéns, lors de ces mots entrecoupés, que j’avais-d’abord-cru ſi-clairs… La vertu ſera-t-elle donc toujours la dupe de l’hipocrisie ! Que ma Sœur ſoit l’amie de m.me Parangon, c’eſt un bonheur qui m’enchante, ét ſi elle ne peut avoir une plus-honorable Protectrice, elle en-eſt-digne aumoins par la pureté de ſon âme : mais Urſule étre l’amie d’une Tiénnette !… Oh ! quèl abîme que le cœur feminin ! Et conſidère, je te prie, comme un malheureus panchant ſuffit pour nous de-