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Sœur, l’ont-mise-aufait toutd’uncoup, ét elle a-dit à Tiénnette de m’avertir. Lorſque J’ai-paru, je l’ai-trouvée aſſise à-côté de m.me Parangon, qui lui disait les choses les plus-flateuses. Urſule ſ’eſt-levée vivement, elle ſ’eſt-jetée à mon cou, ét m’a-embraſſé deux-fois, avant que de me-dire un ſeul mot. — On voit bién (a-dit m.me Parangon), que mademoiselle n’aime pas ſon Frère ! — Ah ! madame (a-repondu bién-ſerieusement l’Innocente), après mon Père ét ma Mère, il n’eſt Perſone au monde qui me-ſait auſſi-cher. — Vous êtes-fatiguée, mon aimable Fille (a-repris m.me Parangon) ; venez dans la chambre où vous coucherez : Tiénnette, montez avec nous : (ét voyant qu’Urſule regardait ſi je les ſuivais) : Il faut quitter pour un inſtant ce chér Frère ; nous ne tarderons pas à l’appeler.

Un accueil ſi-flatteur pour mon ſang, m’a-penetré pluſ-que toutes les bontés qu’a-eues juſqu’à-present pour moi cette digne Femme. Aubout d’une demi-heure, Tiénnette eſt-venue m’avertir, que je pouvais monter auprès de ma Sœur : m.me Parangon nous a-laiſſés enſemble, en-disant, qu’il falait que nous nous dîſſions nos petits ſecrets. Effectivement, Urſule en-avait un à me-confier que je n’attendais pas. Après m’avoir-aſſuré de l’amitié de notre reſpectable Père ét de notre bonne Mère, de la tiénne, de celle de nos Frères êt Sœurs, elle m’a-fait-part de l’entretién qu’elle venait d’avoir avec m.me Parangon, ét voici comme elle me l’a-rendu :