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mais elle eſt tous-les-deux : le Jeunehomme eſt ſon protegé, dit-on ; puiſqu’elle ſait notre ſecret, elle pourrait nuire à la reüſſite. Je ſuis fort-content du Pretendu, que j’aurais-bién-voulu retenir ici juſqu’au mariage : il y-a de l’étofe, ét je lui ai-trouvé ce que je cherche depuis longtemps, pour remplir certaines vues, que celles de Parangon ét les vôtres contrarient unpeu : nous verrons. Pour ce qui vous regarde, il m’a-bién-l’air de ces Fripons, qui ne doivent conſerver de leur amour que les ailes ! En-honneur, vous pouvez le tromper unpeu (quant au paſſé), ſans tous ces petits ſcrupules que vous m’avez-montrés ; il ne ſera peutêtre pas longtemps en-reſte !… Quant au prejugé en-queſtion, j’ai-deja-commencé à le combattre : mais ces Gens-de-campagne y-tiénnent furieusement ! S’il n’était pas trop-tard, je vous dirais, ſuivez plutôt l’amour que la prudence. Je ferais-bién-ſurpris qu’en-montrant un rayon-de-miel à ce Jeune-affamé, il ne fît pas comme Jonathas, les Français ne font guère moins-gourmands que les Juifs ; c’était le tranquilisatif le plus-ſûr… Si nous pouvions lui faire-faire quelques mois de ſejour à la Capitale, vous en-profiteriez pour vous éclipſer durant le temps critique ? Mais peutêtre trouverez-vous ce ſejour-là trop dangereus pour la fidelité ?

P.-ſ. Parangon a-pris le ſage parti, ét ſon voyage eſt bién-penſé. Les choses preſſent, vous navigez entre Caribde ét Scilla.
Fin de la I.re Partie.