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à Paris, comme les Vanloo, les Boucher, les Vernet ſont-recherchés des Grands !… Je veus vous donner une Femme charmante ; je veus lui donner, à elle, un Mari qui l’aimera, ét qui fera ſon chemin. Tenez, mon Garſon, il faut ſ’aimer tous-deux, quand on ſe-marie : m.me Parangon ne m’aimait pas ; Je l’aimais moi, de la meilleure-foi-du-monde & je me-fuis-aperçu que j’aimais ſeul, ét je ſuis-devenu fraid comme marbre : mais je me-deplais dans cet état, on ne ſaurait imaginer combién !… J’ai-vu naître cette petite Manon, ſa Mère était amie de ma Première-femme ; je lui ſuis-attaché comme un Père à la Fille, ét je crais faire ſon bonheur en-vous-la-donnant… Eſt-ce que m.me Parangon n’a-pas-quelquefois-été jalouse ſur elle ? mais aupoint qu’elle penſait des choses dont elle a-reconnu la fauſſeté. Neanmoins, Je crais qu’au fond elle ne l’aime pas. — Je penſe que vous ne rendez pas juſtice à m.me votre Femne, monſieur ; j’ai-vu l’accueil qu’elle a-fait à m.lle Manon, à son retour, ét… — Mon pauvre Edmond ! vous y-êtes ! les Femmes ! elles ſe-careſſent pour ſe-mieus-dechirer ; elles ſ’embraſſent, ét voudraient ſ’étouffer. Mais en-voila trop là-deſſus ; gardez le ſecret juſqu’au moment où nous ferons ſûrs : car nous n’avons affaire qu’à des Femmes, dont l’eſprit, vraie girouette, tourne à tout vent. Si elles venaient à ſe-le-dire, il ne faudrait pas qu’elles puſſent : se-vanter de nous avoir refusés ; avec ma Femme ſurtout ét ſa digne