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faire des queſtions ? — Ehbién, puiſque vous m’en-hardiſſez,… je crais que c’eſt vous qui me-devez une confidence ! — Mais, vous me le rappelez !… ſongeriez-vous encore à cette folie ? — Sageſſe ou folie, elle m’intereſſe. — Ah ! que je vous aime comme ça !… Tenez, Edmond, vous voila comme je desirais… — Si j’ai ce bonheur, ſatiſfaites donc mon ardente curiosité, mademoiselle ? — Si vous me-preſſez bién-fort,… je… pourrai… devenir… indiſcrette… (Je lui ai-baisé la main) ! Eſt-ce ainſi que vous preſſez !… plûs de-retenue. (Je ſuis-devenu rouge, ét j’ai-craint de l’avoir-offenſée). Je vois bién qu’il faut ſe-rendre (a-t-elle repris)… Cependant il eſt-juſte que les choses ſaient-égales entre-nous ; vous m’interrogerez, comme je fesais, ét vous devinerez à-demi-mot. Alons, commençons. — Mademoiselle, quel eſt votre ſecret ? — Edmond ! vous tranchez du premier mot ! —Je veus dire de quelle nature eſt-il ? — Mais, dois-je repondre à cela ! — Oui ; ét ſincèrement. — Ehbién, je crais… que c’eſt.… de l’amour. — Vous crayez ? cela n’eſt donc pas ſûr ? — Mais… ſupposez-le ſûr ? — Avec plaisir… — Vous aimez ? — J’aime. — Beaucoup ? — Beaucoup. — Un Homme ? — Un Jeune-homme. — Qu’il eſt-heureus ! — Ceci n’eſt plus une queſtion, ét je ne ſaurais y-repondre-. (J’ai-gardé le ſilence durant quelques-minutes ; puis j’ai-repris :) — Con-