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reus ! M.me Parangon ét Tiénnette ont-ſouri ; la Dernière a-dit : — N’eſt-il pas vrai, Madame, que c’eſt-dommage !Oui, mon Amie, je t’en-aſſure -! a-repondu m.me Parangon. Mon Amie ! Enverité je ne conçois pas plûs cette Dame que Tiénnette ! ſeraient-elles d’accord, pour… Non ; cela eſt-impossible… Cependant, j’entens ſourdement courir à mes oreilles un certain bruit, Que m.me Parangon ne peut plus ſouffrir les careſſes de ſon Mari ; qu’elle voit, d’un grand-tranquile, Une-autre jouir de ſes droits ; que les desordres de m.r Parangon… je ne ſais quoi, des choses où je n’ai-rién-compris, l’ont-aliénee. Mais dans ce cas-là, m.me Parangon ne ſerait donc plus cette Femme vertueuse, digne de tant de reſpect ! (mon cœur dement cette idée, ét Tiénnetre ſerait auſſi à-plaindre que coupable) ! Le temps éclaircira tout.

Je reviéns à t’avouer, d’après ce que m.me Parangon ét Tiénnette ont-dit enſuite (car elles ont-parlé d’Edmée), que je me-trouve moins-decidé que jamais. M.lle Manon eſt bién-aimable ! ſi tu ſavais, qu’elle était-ſeduisante, qu’elle avait de grâces, en-me-parlant dans le jardin ! Etpuis, cela ferait plûs de plaisir à nos chèrs Père ét Mère ét à toi… Je ſens pourtant que j’aimerais-mieux Edmée : mais cela ne mène à rién ; ét quand on eſt à la Ville, il ne faut ſonger qu’à ſ’avancer… Oh ! ſi m.me Parangon était à la place de Une ou de l’Autre, que je ſerais biéntôt decidé !