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n’a pas d’idée chés nous, mais qui ſe-font-ſentir, dès qu’on les voit : ajoute à cela que ſes vertus font encore plûs d’impreſſion ſur moi que ſes charmes. Si la belle Edmée poſſedait la moitié de cela, tu ne me-verrais pas indecis comme je le ſuis !… mais je ne l’ai-vue qu’une-fois, ét j’en-ſuis bien-aise ; je ne chercherai pas même à la voir davantage, afin de vous donner la ſatiſfaction de m’attacher à m.lle Manon, pour laquelle je vois bién que vous panchez, D’ailleurs, je ſens un plaisir que je ne ſaurais exprimer, lorſque je ſonge que par-là je ſerai le cousin de m.me Parangon.

Je n’ai point de repugnance pour le mariage ; aucontraire, malgré ma jeuneſſe, il me-ſemble qu’il me-faut cet état pour être heureus : mais, en-venant ici, je ne me-ſerais-pas-imaginé qu’il en-ſerait ſitôt queſtion : cela ſ’agence, je ne ſais comment. Je te dirai, qu’aujourd’hui m.r Parangon m’a-familièrement-entretenu de ſa Cousine, ét qu’il ſ’eſt-aſſés-clairement-expliqué au-ſujet du mariage, pour me-donner-à-entendre qu’il avait des vues ſur moi. Depeur neanmoins de faire une bevue, j’ai-repondu vaguement ; je lui ai-representé, que j’étais encore bién-jeune ét ſans état, pour m’occuper de Perſones audeſſus de ma fortune, ét de projets audeſſus de ma portée actuelle ; car on n’eſt pas Artiſte, pour prendre les premiérs-principes d’un art : que je commençais une carrière longue ét difficile, dont il n’était pas ſûr que j’atteignîſſe