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moi-même par une fente. Conquette se jeta dans les bras de Timon, mais il était malade. La belle fut gamahuchée ; seulement, Timon, au lieu de la caresser, comme elle s’y attendait, se mit à lui raconter la suite des événements relatifs à Vitnègre, à Fout-à-Mort et à Connillette.

« J’ai été voir Vitnègre aujourd’hui, au lieu de me rendre à mon bureau, étant malade ; je l’ai trouvé malade lui-même, tant il avait été hier effrayé des menaces de son moine. Celui-ci l’avait fait demander. Vitnègre est accouru, il a trouvé toute la communauté à l’infirmerie… Parvenu au lit de Fout-à-Mort, celui-ci lui a dit : « Gueux ! si j’en avais la force, je t’étoufferais, mais si je suis pour en mourir, comme on l’assure, je déclarerai tout au lieutenant de police, et tu seras pendu ! Tu m’as vendu ta femme ; elle était si belle, que j’ai eu un plaisir infini à la faire expirer dans des douleurs plus fortes que celles de l’accouchement ; elle était si belle que j’ai voulu en manger ; je me suis fait accommoder son con, sa matrice, ses poumons et sa tête, que j’avais déguisée ; nos moines ont mangé sans le savoir son cul, ses fesses, ses mollets, ses pieds, ses bras, ses mains, ses épaules, son foie, etc… ; tous… eux et moi, nous avons la vérole !… Or, ta femme, belle, fraîche, pucelle encore, ne l’avait pas. Voici ce que tu as fait, coquin ! Touché d’une fausse compassion, tu as fait évader ta femme, que je t’avais payée pour la foutre à mort, et lui as substitué une putain !… C’est une insigne coquinerie !… Si j’en reviens, j’aurai ta femme ; si je meurs, tu seras pendu !… » Vitnègre s’est donné à tous les diables