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que ce serait gâter la plus jolie des bouches. « Eh bien donc ! je vais la gamahucher. — Je banderais trop, dit Culant — Passez dans ce cabinet. » Vitnègre y poussa Conquette et se substitua Culant, puis il sortit pour aller jouer. Culant gamahucha et n’osa foutre Conquette, ayant le vit si petit qu’il ne pouvait être pris pour Vitnègre, mais il déchargea six fois et Conquette le double. Il se retira en lui donnant un coup de poing, afin de la persuader que c’était Vitnègre. Mais le soir, à sa rentrée, le monstre dit à sa femme : « Eh bien ! bougresse, as-tu été assez gamahuchée ? Ce n’était pas moi, je ne t’aurais pas fait l’honneur de décharger six fois ; c’était mon ami. Mais, garce, tu l’as reconnu, puisque tu en as déchargé douze et que tu ne bandes pas pour moi. Et le bon coup de poing qu’il t’a donné, hein, l’as-tu senti ? » Et l’infâme éclatait de rire. « Allons, garce de bâtarde d’avocat, te voilà putain, j’entends que ton con me rapporte. » Effrayée, Conquette se promit de le quitter ; ce fut le lendemain qu’elle me rencontra, et de ce moment elle prit de la fermeté contre le monstre.

Ce récit de ma fille, quoique plus gazé dans sa bouche, m’avait révolté ; je lui promis un prompt secours, mais en même temps elle me faisait bander en carme, comme tous les récits de brutalités libidineuses.

Je demandai des faveurs ; on rougit, mais on me laissa baiser un joli soulier vert qu’on portait. Pour la première fois, je m’en tins là. Cependant, à la visite du lendemain, je glissai en riant une main dans son dos, insensiblement j’en vins aux tétons, qu’elle