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génue ? Éperdument amoureux d’elle et n’osant lui prendre de jour son joli petit poil follet et ne l’ayant plus la nuit, je me contentais de la faire regarder dans la rue par une fenêtre à larges bords, ce qui lui mettait à découvert un pied exquisement chaussé, une partie de la plus belle jambe… de sorte qu’en me baissant je voyais la cuisse et le conin dans certains mouvements ou lorsqu’elle se disposait à descendre. Je bandais comme un carme, mais en ce moment arrivait à point nommé ou la maîtresse de Conquette Ingénue ou ma jolie nièce Beauconin, que j’allais enfiler dans ma chambre, après avoir dit à ma fille de se remettre à la fenêtre pour les voir arriver, et, au moyen de ma porte entr’ouverte, je voyais le pied provoquant, la jambe voluptueuse de celle qui me faisait bander, en foutant soit sa maîtresse, soit sa cousine.

Quatre ans s’écoulèrent ainsi, et je n’eus plus de fouteries. Alors plus amoureux que jamais de Conquette Ingénue, qui était superbe à dix-huit ans, je résolus de la faire quelquefois coucher chez moi en la retenant tard, sous le prétexte d’une indisposition subite. Elle avait toujours le sommeil aussi profond ; aussi, dès qu’elle était endormie, je la gamahuchais et je la faisais copieusement décharger. Elle avait une motte superbe, ombragée d’un poil noir, doux et soyeux ; je brûlais d’envie de le lui mettre, mais elle s’éveillait toujours en déchargeant ; aussi me disait-elle : « Je ne fais que chez vous de singuliers rêves qui me rendent toute je ne sais comment !… » La seule chose que je me permisse était de lui demander à baiser son joli pied chaussé, quelquefois sa jambe ;