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cherez avec elle, sans que je m’en gêne. Quant à la volupté et aux mouvements du cul ou des reins, un mari libertin ne lui a donné que trop de douloureuses leçons. Mais en vous la livrant je veux que son sort soit assuré, qu’il s’améliore même un peu chaque année. Je vous réponds d’être alors te gardien de sa fidélité. D’ailleurs, elle est sage ; l’assurance d’un sort indépendant de son monstre de mari peut seule la décider. »

Ceci convint fort et la décision définitive fut remise après un voyage d’affaires d’argent, dont il devait être de retour dans huit ou dix jours. Je revins apporter ces nouvelles à ma Conquette Ingénue.

« Mon papa, répondit-elle, pour peu qu’il me foute, vous me suffirez ; vous et lui serez mes deux pères ; je renoncerai même à votre bon secrétaire si vous me promettez de n’enconner que moi. Où trouverez-vous un con qui vaille le mien ? Garde-moi tout ton foutre comme tout ton cœur, ô le plus ribaud des papas ! » Je vis qu’elle était jalouse, et je l’enconnai davantage. Mais j’étais encore trop libertin pour me borner à foutre uniquement celle que j’aimais le mieux.

La Brideconin nous apporta de la limonade ; elle boitait de naissance, mais d’une manière voluptueuse ; elle était coiffée en cheveux, et quoique grêlée, fort provoquante. Je le dis à ma fille. Conquette Ingénue me répondit : « Dès avant nos parties, son mari voulait me le mettre, mais il me déplaît. La femme a demandé, depuis qu’ils ont tout vu, à me gamahucher ; tous deux m’adorent, je ne leur avais, jusqu’au boulevard des Italiens, laissé baiser que mon pied. Le mari