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CHAPITRE XLIII.

Minonne et Connette, jadis dépucelées.

Cette scène achevée, il y eut du repos ; nous avions légèrement dîné, pour faire collation ; nous mangeâmes des fraises au vin muscat, avec des pains mollets du pont Saint-Michel, puis nous prîmes d’excellent café fait par Trait-d’Amour, et nous goûtâmes aux liqueurs. Ensuite, nous jasâmes. « Vous avez eu ces deux jolies compagnes, Minonne et Connette, ainsi que Rose-Mauve, et vous venez de dépuceler Tendrelys sous nos yeux ; faites-nous le récit de votre première fois et dites-nous comment vous les avez réduites ?… — Ah ! oui, oui ! » s’écrièrent Tendrelys, Rose-Mauve et tout le monde. « Je ferai ce récit très volontiers, mais à la condition qu’on ira chercher madame Brideconin, notre hôtesse, pour qu’elle y assiste ; nous commencerons à l’apprivoiser par là. » Mes trois sacripants, pour qui elle était un morceau nouveau, ne demandèrent pas mieux. Ils l’enlevèrent à son mari, qui en ce moment lui tenait les tétons, sans même daigner lui répondre, et à cul nu sur les mains jointes de deux, tandis que le troisième la soutenait par derrière. Ils l’apportèrent ainsi, moitié troussée, moitié dététonnée. On la posa sur le fronsac, et si je ne l’avais empêché, on lui faisait une histoire au lieu d’écouter la mienne. Lorsque tout fut tranquille, je commençai.

« Je m’étais mis en pension chez la belle-mère de Trait-d’Amour, blanchisseuse rue d’Abbon, pendant que ma femme courait en province avec un galant, le même qui la foutait avec tant de passion qu’il se met-