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mais j’ai votre affaire ; il me reste une nièce religieuse qui a des vapeurs hystériques, je vous la donnerai pour reposer mes filles. — Je leur donnerai à toutes douze mille livres de rente, répondit le basané, amenez-les moi chaque jour, demain excepté. J’ai à fourgonner une grande blonde qui a ouï parler de moi et qui veut en tâter. » Il s’en alla.

» Cette scène changea tous nos projets. Je dormis jusqu’à midi, on s’habilla, je fus mariée à une heure, la noce fut gaie. Ma sœur y était ainsi que ma cousine la carmélite hystérique, mon père ayant trouvé le secret de l’avoir au moyen d’une permission de prendre les eaux qu’elle sollicitait depuis longtemps. J’eus réellement pitié du conichon de ma sœur Doucette, et je résolus de la voir dans la journée. Mon père me le montra et la gamahucha devant moi, en alléguant le motif de prévenir une maladie. Ah ! qu’il était mignon ! je l’aurais gamahuché à mon tour sans ma coiffure d’épouse, car son joli petit foutre virginal me tentait. Notre père la prévint qu’il fallait qu’elle me soulageât la première nuit de mes noces, et l’aimable enfant y consentit avec naïveté. Je vis aussi le con de ma cousine la carmélite ou la belle Victoire Loudo. Il n’était pas mignon, mais il avait une superbe perruque noire. Elle entra en fureur érotique dès qu’on le lui eut touché du bout du doigt, et mon pauvre père fut obligé de lui mettre devant ma sœur et devant moi, ce qui ne la calma que pour un instant. Nous appelâmes mon oncle, qui la foutit trois fois, puis le jeune homme, qui fut vite réduit, ensuite le procureur et tous ceux qui devaient me le mettre ce jour-là. Les