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lui faut par an, pour un jour & demi de farine, ce mince approviſionnement ne peut lui nuire, & en s’en privant pour maintenir les Loix prohibitives, elle le rend fort onéreux aux Colons, puiſqu’elle les met dans le cas de payer la farine, le double de ſa valeur, & même d’en manquer, comme dans l’occurence préſente.

Les Commerçans veulent encore faire valoir cet approviſionnement forcé, ſouvent incomplet & jamais ſuffiſant, comme un sacrifice fait à des frères, des amis, des François : le beau sacrifice ! de leur faire payer un objet de première néceſſité, le double de ce qu’ils l’acheteroient de l’Etranger, qui leur en fourniroit à l’envi, & en tout temps, la quantité nécessaire pour leur subſiſtance & pour celle de leurs Nègres. Auri ſacra fames !…

Il nous reſte à répondre, pour le moment, à un article de la lettre de M. de la Luzerne, à MM. les Commiſſaires du Comité d’Agriculture & de Commerce, en date du 24 du courant.

Ce Ministre parle toujours des trois ports d’entrepôt ouverts aux farines étrangères, comme ſuffiſans ; il dit même qu’il ſera aiſé d’ouvrir tous les ports d’Amirauté, ſi l’Aſſemblée Nationale le décide, mais il ne parle point de l’échange de ces farines en denrées Coloniales[1].

  1. Le Ministre de la Marine, en voulant donner