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voulez-vous mettre les filles dans le cas de les compter ? » En apprenant un trait de prodigalité, elle s’écria : « Quand on a tant d’argent de trop, pourquoi le bon heur ne se vend-il pas ? » Quand le divorce fut établi, sa fille en profita ; Arnould la blâma et lui dit : « Le divorce est le sacrement de l’adultère. » Sophie Arnould mourut à Paris, en 1802. Elle dit au curé de Saint-Germain-l’Auxerrois, qui venait de lui administrer les sacremens : « Je suis comme Madeleine, beaucoup de péchés me seront remis, car j’ai beaucoup aimé. » Sous le règne de la terreur, des membres du comité révolutionnaire vinrent pour l’arrêter ; ayant trouvé sur sa cheminée son buste dans le rôle d’Iphigénie, ils crurent que c’était celui de Marat, et, prenant l’écharpe de prêtresse pour celle de leur patron, ils se retirèrent, très-édifiés de son patriotisme.

Dans la même année, on a vu mourir les trois plus célèbres actrices : Clairon, Dumesnil et Arnould. Le troisième fils d’Arnould, colonel des cuirassiers, fut tué à la bataille de Wagram.

ARRIE, femme de Cécinna Pœtus, romain consulaire, s’est acquis une gloire immortelle par son amour pour son époux, son courage et sa grandeur d’âme. Son mari et son fils furent attaqués en même temps d’une maladie très-dangereuse. Le fils mourut : c’était un jeune homme fait pour plaire, qui joignait à la plus aimable figure toutes les vertus de son âge. Le père, déjà affaibli par la maladie, n’aurait pas survécu à la perte de son fils. Arrie employa toute son adresse pour lui cacher ce funeste événement : elle fit faire, le plus secrètement qu’il fut possible, les obsèques de son fils. Quand elle était seule, elle s’abandonnait sans réserve à sa douleur amère ; mais lorsqu’elle entrait dans la chambre de son