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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

J’aime Molière ;
Mais ce plaisant
Est trop sincère
En nous raillant…
Comme il critique !
Comme il nous vend !
Comme il nous pique !
Comme il nous rend !
Le vieux Socrate
Est à railler ;
Sa prose plate
Fait trop bailler.
Et quand Homère
Chante Illion,
Pour moi sa guerre
N’est qu’un dit-on.
Je me soucie
Peu des héros ;
J’aime la vie,
Et le repos.
Adieu l’épée,
Adieu l’honneur !
Quand la poupée
Fait le bonheur.
Le sang ne souille
Que l’inhumain,
Et la quenouille
Plaît à ma main.
Newton, Descartes,
Klopstock, Milton,
Ornent mes cartes
De leur grand nom :

Sans les connaître,
Je connais tout ;
Et je suis maître
En fait de goût.
Enfin pour dire
Ce qu’on m’apprit,
Rien ne m’attire
Qu’un bel-esprit.
De l’agréable
Il est l’appui ;
Aime l’aimable,
N’aime que lui ;
Sait se distraire
Lorsqu’il écrit,
Et se complaire
Dans ce qu’il dit.
Parler sans cesse
Sans réfléchir,
Pour l’allégresse
Se rajeunir ;
À son idée
Vivre au hasard ;…
C’est de Médée
Posséder l’art.
Vouloir s’instruire
N’est plus un bien,
On aime à rire,
On aime un rien.
On incommode
Si l’on est grand :
L’homme à la mode
Est l’homme-enfant.

J. D. Mermet.