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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

Ici je vois Codrus mourir pour le salut de son peuple, et cette mort m’apprend combien il est beau de se sacrifier pour sa patrie. Là c’est le malheureux Enée qui fuit sa patrie réduite en cendres ; il tient le jeune Ascagne par la main, prend sur ses épaules ses dieux pénates et le vieux Anchise, puis jetant un regard attendri sur les ruines de son pays, qu’il abandonne, il semble se consoler de ses infortunes par la vue des précieux dépôts dont il est chargé. Ici, lecteur, tu es touché de sa piété envers les dieux, de son respect pour son père et de sa tendresse pour son fils.

Tantôt c’est un prince aimable qui va pleurer sur la tombe et honorer les cendres de l’auteur de ses jours, il se prosterne, son cœur s’ouvre à la tristesse, ses sanglots le suffoquent, il expire victime de sa tendresse filiale. On admire et on plaint le sort de cet aimable prince ; mais on s’attendrit lorsque l’on voit Pythias disputer à Damon la triste prérogative de donner ses jours pour conserver les siens. La contestation fut touchante, le tyran (Denis) en fut témoin, et il ne put résister à tant de vertu : il se précipite de son trône, vole dans leurs bras, les embrasse et les renvoyé en enviant leur sort.

Que de regrets on mêle aux pleurs d’Artémise, qui consacre l’amour conjugal, en recevant dans son sein la froide cendre de son malheureux époux ! Que ce mausolée lui semble glorieux !

Mais continuons de puiser des leçons dans l’histoire. Paraissez, ô habitants de l’Isle de Côs, apprenez-nous à aimer la pudeur. Pranitèle vous avait présenté deux statues de Vénus, dont l’une était bien inférieure à l’autre en beauté ; vous la préférâtes néanmoins, parce qu’elle était modestement voilée, pour la placer à Cnide dans le temple de cette déesse. Et vous, chastes romaines, prenez un deuil général à la mort du premier Brutus ; vous le pleurâtes un an, comme le vengeur de votre pudicité, par l’éclatant châtiment qu’il avait infligé à Tarquin le meurtrier de Lucrèce.