il est une suite nécessaire de notre essence. Et quand l’homme aurait conservé cette justice qui le sanctifia dès son origine, ses actions naturelles seraient parties de la même source ; avec cette différence néanmoins, que connaissant mieux ses avantages, il ne se serait attaché qu’à des plaisirs solides, au lieu que maintenant il ne poursuit que des agréments frivoles. Dieu lui-même, tout jaloux qu’il est de sa gloire, lorsqu’il nous recommande de le regarder en tout comme notre dernière fin, ne nous ordonne pas de nous oublier ; et s’il veut que nous allions à lui, c’est pour y trouver une félicité complète.
1807.
UTILITÉ DE L’HISTOIRE ET SURTOUT DE CELLE
DE SON PAYS.[1]
L’histoire, dit Cicéron, est le témoin des temps, le flambeau
de la vérité, le dépôt des évènements : elle est l’oracle
de l’antiquité, qu’elle nous dévoile ; du présent, dont elle
nous informe ; et de l’avenir qu’elle nous fait prévoir. Elle
nous remet devant les yeux et propose à notre émulation
les traits mémorables, les excellentes qualités des législateurs,
des rois, des sages, des héros et des honnêtes citoyens
de tous les temps et de tous les pays. C’est dans son
temple que résident la source des bons conseils et de la
prudence, l’aiguillon du courage et des belles actions, la
règle de la conduite et des mœurs. Elle nous offre le
modèle des vertus que nous devons pratiquer, et le tableau
des vices qu’il nous faut éviter : enfin c’est à elle qu’il
appartient de former le cœur, et rien n’y est plus propre
que les traits touchants que l’on y rencontre à chaque page.
- ↑ On attribue cet écrit à M. L. Plamondon, de Québec, alors avocat distingué et écrivain de mérite.