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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Où j’ai vu naître, avec mes premiers jours,
     Mes sentiments pour Marie
Ô Ruisseau fortuné ! ralentis un moment
Le cours impatient de ton onde incertaine ;
Va soupirer aux pieds de celle qui m’enchaîne,
Et porte-lui les vœux du plus fidèle amant !
     Heureux Ruisseau, quand sur la rive
     Elle ira rêver en secret,
     Si, sur ton onde fugitive,
     Elle jette un regard distrait :
Ah ! qu’une émotion… que son cœur interprète,
Lui dise que tu viens du fonds de ma retraite :
     Dans le plus triste de mes jours,
     Que mon image retracée
     Occupe un moment sa pensée
     Du souvenir de mes amours !



1804.

ÉPÎTRE À M. GÉNÉREUX LABADIE.[1]

Toi qui trop inconnu mérites à bon titre,
Pour t’immortaliser, que j’écrive une épître,
Toi qui si tristement languis en l’univers,
Labadi, c’est à toi que j’adresse ces vers.
Quand je vois tes talents restés sans récompense,
J’approuve ton dépit et ton impatience ;

  1. Voici quelle appréciation fait du mérite et du talent de M. Quesnel un écrivain, qui semble l’avoir connu intimement, en publiant cette épître que M. Quesnel adressait à un mauvais poète : « De temps à autre, depuis la conquête, des hommes nés hors de notre pays, mais parlant notre langue, et recommandables par leur éducation, leurs talents naturels, ou leurs connaissances acquises, sont venus résider parmi nous, comme pour animer et égayer notre société, prêter du relief à ce que nous pouvions peut-être appeler notre littérature, et nous donner en quelque sorte des idées nouvelles sur plusieurs sujets, particulièrement durant l’époque de notre isolement. Du nombre de ces hommes devenus canadiens, par leur résidence dans ce pays, par les liaisons qu’ils y ont contractées, ou les arts qu’ils y ont exercés, a été feu M. Quesnel, l’estimable auteur de la pièce qu’on va lire. Homme d’esprit, d’un commerce agréable et d’une humeur joviale, M. Quesnel se faisait de la poésie