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colas. Grand merci de tout mon cœur.

l’épine. Allons, l’ami, j’te félicite du bonheur qui t’arrive, ça vaut mieux que d’s’aller faire tuer à la guerre, et j’te pardonne de bon cœur tout ce que tu m’as dit tantôt.

colas. Et moi, dans un jour com’celui-ci, je n’veux point itou conserver d’rancune. (au Bailli) J’vous pardonne donc aussi, mais à condition que quand j’srons mariés, vous vous dispenserez d’nous faire des visites.


VAUDEVILLE.
le bailli.


Ruse, détour, tout devient inutile,
On ne saurait frauder l’amour,
À mon ardeur Colinette indocile,
En est une preuve en ce jour ;
A mes dépens je viens d’apprendre,
Qu’en amour un jeune tendron
Peut toujours duper un barbon,
Et tel est pris qui croyait prendre.

colinette.

Qu’un vieux galant parle de son martyre,
Qu’il se plaigne de nos rigueurs,
Sans se fâcher, le meilleur est d’en rire,
Et se moquer de ses sottes langueurs ;
Mais lorsqu’il cherche à nous surprendre,
On lui fait voir que sans éclat,
La souris peut duper le chat,
Et tel est pris qui croyait prendre.

colas.

Quand on est franc, honnête et sans malice,
Si l’on n’est pas un peu futé,
Vient un méchant, qui, par son artifice,
Surprend bientôt notre bonté ;
Mais quand c’tila qui veut surprendre
À son piège est pris comme un sot,
On rit d’bon cœur mais on n’dit mot,
Car tel est pris qui croyait prendre.