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m. dolmont, (à part.) Le misérable ! j’avais raison de soupçonner… (haut) Explique-toi.

colas. Eh ben ! monsieu, pis que vous m’permettez… C’est que, sous vot respect, j’nous aimons Colinette et moi.

m. dolmont. Est-il vrai, Colinette ?

colinette. C’était, monsieur, le vœu de nos parents ; j’espère de votre bienveillance, qu’elle ne mettra point d’obstacle à notre union.

colas. C’est là, monsieu, la grâce que j’vous demandais, et j’ons été à c’matin pour vous parler à c’dessein-là, quand j’ai rencontré c’monsieur l’Bailli qui m’avons promis d’vous parler pour moi.

colinette. Oui, monsieur, il vous l’a présenté comme milicien, vous l’avez accepté, et Colas a pris son engagement pour un contrat de mariage.

l’épine, (à part.) Ah ben, v’là une drôle d’histoire !

m. dolmont. Je vois tout cela, (au Bailli) Il faut que vous soyez un grand scélérat !

le bailli. Je suis surpris, monsieur, que vous preniez le parti d’un rival de son espèce. Au reste, ce n’est pas ma faute s’il plaît à cette perfide de se dédire, elle a présidé à son choix, elle m’a promis sa main, et pour preuve de cela, c’est qu’elle a accepté une bourse de cent louis que je lui ai donnée tantôt.

m. dolmont. Tu as accepté une bourse ?

colinette. Oui, monsieur, c’était pour acheter ma garde-robe.

colas, (au Bailli) La v’là, la v’là.

m. dolmont, (l’arrêtant.) Un moment, il faut voir ce qu’elle contient, (au Bailli) Quelle somme doit-il y avoir dans cette bourse ?

le bailli. Cent louis d’or bien comptés.

colas. Ce qu’étions d’dans y est encore.

m. dolmont, (comptant Targent.) Dix, vingt, trente, quarante, cinquante… et cinquante font cent.

le bailli, (tendant la main.) C’est le compte juste.