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LE RÉPERTOIRE NATIONAL

qu’il m’a donné, et il ne doit pas tarder.

colas. Comment, morguenne ! c’est-t’y pas lui qu’on voit là-bas ! regarde.

colinette. Où cela ?

colas. Là-bas, au fond de l’avenue. C’est ben lui que j’vois. Oh ! comme le cœur me bat de plaisir.

colinette. Oui, c’est lui-même ; allons vite nous cacher sous ces arbres touffus, et souviens-toi bien de ce que je t’ai dit.

colas. Bon, bon, donne-moi la main, tu n’as qu’à me laisser faire. (Il prend la main de Colinette, et ils courent se cacher a l’un des bouts du théâtre.)



Scène X.


Le théâtre n’est plus éclairé que par les lampions du devant et la lumière des premières coulisses. Le Bailli entre par une des coulisses opposées au côté où sont cachés Colas et Colinette. Il a l’air du mystère, marche sur la pointe du pied et parle à mi-voix.

le bailli. Voici l’heure du rendez-vous. Colinette m’attend sans doute. Quel plaisir je goûte d’avance en songeant que par mon adresse je vais à la fois tromper un argus, supplanter un rival et lui enlever sa maîtresse ! Jamais, non, jamais on ne fut plus heureux que je le suis !… Voyons, cherchons l’endroit où la friponne s’est cachée. (Il cherche Colinette au fond, du théâtre, au côté opposé à celui où ils sont cachés.)

le bailli Colinette, Colinette ?

colinette. Ct, ct, ct, ct, ct, ct.

le bailli. J’entends quelqu’un de ce côté-là !

colinette, (bas). Ct, ct, par ici, par ici.

le bailli, (bas, à part). C’est elle-même, je reconnais sa voix. Est-ce toi, Colinette ?

colinette, (bas). Oui, oui.

le bailli, (bas). Où t’es-tu donc cachée ?