Page:Répertoire national ou Recueil de littérature canadienne, compilé par J Huston, vol 1, 1848.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.
v
INTRODUCTION.

hommes, ne se livraient à la culture des lettres que pour leur amusement ou celui d’un petit cercle d’amis ; car le peuple, ne sachant seulement pas lire, n’était nullement capable de goûter les travaux de l’esprit et de l’intelligence, ni d’apprécier l’importance d’une littérature nationale qui contribuerait à lui conserver son individualité, au milieu des nombreuses populations dont se couvre le continent américain, en transmettant de générations en générations les traditions, les coutumes, les mœurs nationales.

Une autre chose, aussi, empêchait alors le développement d’un germe de littérature : c’était le manque de livres, et surtout de livres français. Les ouvrages classiques étaient rares ; et bienheureux étaient les jeunes gens dont les amis plus âgés pouvaient leur prêter quelques volumes des meilleurs auteurs français ou anglais. Il fut un temps, dont se rappellent beaucoup de vieillards, où une bibliothèque de quelques livres était un luxe dont quelques personnes favorisées de la fortune et du hasard seules pouvaient jouir. Malgré beaucoup de restrictions de la part des autorités du pays, les livres entrèrent peu à peu dans les villes ; et les écrivains canadiens purent alors étudier les grands maîtres de la littérature française, et commencer à poser les bases d’une littérature nationale.

Des hommes éclairés, luttant avec énergie contre les difficultés des temps, parvinrent à établir quelques bibliothèques publiques, et à fonder quelques sociétés littéraires, qui ont puissamment contribué à répandre le goût de la littérature dans la société franco-canadienne.