Page:Répertoire national ou Recueil de littérature canadienne, compilé par J Huston, vol 1, 1848.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

colinette. Quel est-il ?

le bailli. C’est de t’enlever dès ce soir et de t’épouser secrètement.

colinette, (à part). Voilà où je l’attendais.

le bailli. Que penses-tu de cela, Colinette ? c’est bien là le meilleur parti que nous puissions prendre.

colinette. M’épouser secrètement ! m’enlever ! mais n’y aurait-il pas de mal à cela ?

le bailli. Quel mal peut-il y avoir ? on voit cela tous les jours.

colinette. Mais que dira monsieur Dolmont ? que pensera-t-il de moi ? voudra-t-il me pardonner cette démarche ?

le bailli. Quand la chose sera faite, il faudra bien qu’il y consente ; d’ailleurs tout s’arrange, et comme je t’ai dit, ce n’est pas le premier mariage qui se sera fait ainsi.

colinette. Je crois cela, mais…

le bailli, (lui prenant la main). Mais quoi ? songe donc, mon enfant, que le tems presse, et qu’il faut prendre un parti ; réfléchis sur cela.



Scène IV


LE BAILLI, COLINETTE, COLAS (au fond du théâtre).

colas, (à part). Oh ! oh ! qu’est-ce que j’vois ! j’avais ben raison de m’méfier d’eux, écoutons. (Il se cache derrière un arbre.)

colinette. Mais qui vous répondra du succès de ce projet ?

le bailli. Il ne peut manquer de réussir, et voici comment : ce soir, après le coucher du soleil, tu viendras te promener sous ces arbres ; je m’y trouverai avec ma voiture et je te conduirai à ma maison de campagne, près d’ici, où se trouvera à point un notaire affidé qui nous mariera sur le champ.

colinette. Vous ébranlez ma résolution ; mais il faut que du moins j’emporte les hardes dont j’ai besoin, et je crains que cela ne fasse soupçonner…