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LE RÉPERTOIRE NATIONAL

le bailli. J’ai parlé pour toi à monsieur Dolmont.

colas. Grand merci, monsieur l’Bailli.

le bailli, (bas à Colas). Tu vois que je ne t’ai pas oublié.

colas. Monsieur, m’accordons t’y la grâce… ?

m. dolmont. Mon ami, ceci n’est point une grâce ; je me prête seulement à ton inclination et à ton goût.

colas. Ah ! pour c’qu’est d’ça, monsieur, j’vous assure que c’est ben mon goût et mon inclination.

m. dolmont. C’est une preuve que tu as du courage.

le bailli. Du courage ! Oh cela ne lui manque pas.

colas. Non, non, quand il faudra travailler…

m. dolmont. Sa taille est assez convenable ; mais rempliras-tu bien tous les devoirs de l’état où tu vas entrer ?

colas, (souriant). À moi l’soin, monsieur.

m. dolmont. Tu as besoin d’une bonne santé.

le bailli. Il est très bien portant.

colas. Je n’suis jamais malade.

m. dolmont. Il faut de la vigueur.

le bailli. Il en est plein.

colas. J’en avons, monsieur.

m. dolmont. Pouvoir résister à la fatigue du jour.

le bailli. Il y est accoutumé.

colas. J’y sommes accoutumé.

m. dolmont. Oui, mais à celle de la nuit ?

colas, (un peu interdit). Si j’fatiguons trop la nuit, j’nous r’poserons le jour.

m. dolmont. Oh ! mon ami, cela ne s’arrange pas de même, et l’on a souvent de repos ni le jour ni la nuit.

le bailli. Il est jeune, il résistera à toutes ces fatigues-là.

colas, (riant). Oui, oui, ça nous regarde.

m. dolmont. Allons, tu me parais avoir un goût décidé pour cet état-là. Nous allons de suite procéder à ton affaire. Écrivez, M. le Bailli, la formule est prête, il n’y a plus que le nom à mettre.