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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

que plus ardents de leur côté. L’intendant ne voit plus rien que la proie qui lui échappe ; il la suit et dévance ses compagnons, qui l’ont bientôt perdu de vue. Enfin après une longue course, il rejoignit l’animal : celui-ci essoufflé, épuisé, était tombé à terre, et n’attendait plus que le coup de mort.

Content de sa victoire, le chasseur veut retourner sur ses pas, et rejoindre ses compagnons. Mais il les a laissés en arrière… Où sont-ils ? où est-il ? Il s’aperçoit alors que son ardeur l’a entraîné trop loin, et qu’il est égaré au milieu d’une vaste forêt, sans savoir de quel côté se diriger pour en sortir. Le soleil était près de se coucher, et la nuit s’avançait. Dans cette perplexité, l’intendant prend le seul parti qui lui reste, il se remet en marche, tâche de retrouver ses traces, et reconnaître les lieux. Il parcourt les bois en tous sens, fait mille tours et détours, va et revient sur ses pas, mais le tout en vain, ses efforts sont inutiles. Dans cet affreux embarras, accablé de fatigue, les forces lui manquent, il s’arrête, se laisse tomber au pied d’un arbre. La lune se levait dans ce moment belle et brillante, et grâce à sa bienfaisante clarté, l’infortuné chasseur pouvait au moins distinguer les objets autour de lui. Plongé dans ses rêveries, il songeait à tous les inconvénients de sa triste position, lorsque tout-à-coup, il entend un bruit de pas, et aperçoit à travers les broussailles quelque chose de blanc qui s’avance de son côté ! on eût dit un fantôme de la nuit, un manitou du désert, un de ces génies que se plaît à enfanter l’imagination ardente et créatrice de l’indien. L’intendant effrayé se lève, il saisit son arme, il est prêt à faire feu… Mais le fantôme est à deux pas de lui ! Il voit un être humain, tel que les poètes se plaisent à nous représenter ces nymphes, légères habitantes des forêts. C’est la sylphide de Châteaubriand ! c’est Malx ! c’est Velléda ! Une figure charmante, de beaux grands yeux bruns, une blancheur éclatante ; de longs cheveux noirs tombent en boucles ondoyantes sur des épaules plus blanches que la neige, le souffle léger du zéphyr les fait