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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

C’était au mois de Septembre de l’année 1831. Quiconque a passé quelques années de sa vie dans un collège, sait tout ce qu’il a de beau, de charmant, d’attrayant, ce mois de Septembre. — J’avais accompagné mon père dans un voyage à Québec. Il fallait satisfaire les yeux avides d’un jeune homme sortant du séminaire ; il fallait lui montrer toutes les curiosités que renferme la capitale et celles qui l’entourent à plusieurs lieues aux environs. Un matin donc, un matin comme on en voit en Canada dans cette saison, mon père, un vieil ami des siens et moi roulions dans un coche de louage à travers les rues étroites de cette ville : on arrive aux portes, on s’engage sous un long et obscur souterrain, et un instant après nous traversions la jolie rivière St.  Charles et prenions la route de Montmorency, à travers un paysage riant et pittoresque.

Vers onze heures nous admirions une cataracte moins considérable et moins large que Niagara, mais plus élevée. L’onde bouillonnante se précipite entre deux roches escarpées, avec nu bruit sourd qui ne laisse pas que de plaire. Les environs sont magnifiques et sont bien relevés encore par la beauté de cette chute. Il nous semblait voir une belle colonne d’albâtre incrustée de pierreries, dont toutes les parties auraient eu un mouvement oscillant, tant la masse d’eau écumait, tant elle est étroite et perpendiculaire. Le soleil y dardait ses rayons, et achevait de rendre le spectacle imposant. — Après avoir promené longtemps nos regards admirateurs sur cette scène et ces beautés de la nature, nous prîmes un autre chemin, qui conduisait à une chaîne de montagnes, assez près de là. Nous allions à la recherche d’un morceau d’antiquité canadienne, et l’on sait combien ont d’attrait pour le naturaliste ces rares objets, que le temps semble avoir oubliés sur son passage, tristes monuments des faiblesses ou des vertus d’êtres, dont le nom même est souvent ignoré de leurs semblables. La situation de cette antiquité dans la patrie des voyageurs, où ces sortes de ruines sont si peu nombreuses, ne pouvait manquer de piquer encore davantage leur intérêt.