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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


        Pour nous ce jour fut glorieux ;
        Mais que nous coûta sa victoire !
        L’élite de fils courageux,
        Pologne, a trop payé ta gloire.

        Comme les vagues de la mer
        Se précipitent sur la rive,
        L’ennemi brandissant son fer
        Inonde l’arène plaintive.

        Oui, seul le nombre t’accabla,
        Sarmate, fils de la vaillance,
        En vain, ton courage ébranla
        Le Moscovite et sa puissance.

VII


Sur Warsaw le vainqueur jette un œil irrité.
Dans ses derniers remparts combat la liberté.
Ô liberté chérie, astre de la lumière,
Verra-t-on le tyran dans son humeur altière
De ton auguste autel disperser les débris ?
L’implacable destin est-il sourd à tes cris ?
Mais hélas, c’en est fait, l’Europe t’abandonne ;
Des barbares du nord la voix d’airain résonne.
Warsaw, fière Warsaw ! victime offerte aux Cieux,
Tu portas au bûcher un nom pur, glorieux :
Le sang de Sawiski consacra ta poussière.
Dormez, restes sacrés, dans la nuit des tombeaux.
Il vaut mieux succomber, succomber en héros,
Que de vivre pour voir sous les pieds des chevaux
        Profaner le sein de sa mère.

        Barde, élève encore tes chants ;
        Que l’autan gronde sur ta lyre ;
        Emprunte les gémissements
        Des flots que l’orage déchire.

        La foudre éclate sur les monts,
        Le brouillard fuit devant l’orage,
        Dans l’air sifflent les aquilons
        Qui répondent à ton langage.

        Dieu serait-il sourd à ta voix ?
        Reconnais ces signes terribles,
        La mort de son fils autrefois
        Troubla les éléments sensibles.