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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Mais n’entendez-vous pas sous le soc qui résonne
        Mugir l’acier qui fit trembler les rois ?
Des casques et des fers, des débris de couronne,
Au laboureur pensif rappellent nos exploits.
Ici, dit-il, tombaient ces héros de l’histoire ;
Toujours pour la patrie, ils bravaient les combats.
Plus loin, Poniatowski s’engloutit dans sa gloire,
Et l’Ister aux tyrans dérobait son trépas.
Hélas ! de la Pologne il était l’espérance ;
En vain, elle rêvait son antique puissance,
Tout, espoir, liberté dorment dans son tombeau ;
De la patrie en lui s’est éteint le flambeau.

II.


Heureux le Polonais qui, dans ces jours de deuil,
        Avec l’esquif disparut dans l’orage ;
Son noble front n’a pas, oubliant son orgueil,
Essuyé la poussière aux pieds de l’esclavage.

        Sa tombe est là, dans ces champs immortels
        Où résonnait la foudre des batailles.
Des héros ont pleuré sur ses restes mortels ;
Le tambour répondait au chant des funérailles.
        Sa tombe est là ; le triste voyageur
Regarde avec respect la pierre qui la couvre ;
Et sous l’herbe penchée et que sa main entr’ouvre,
Il lit un nom… qui fut fidèle à la valeur.

III.


Cependant à Warsaw le coursier des barbares,
En paix, foule les champs où dorment nos aïeux,
        Et l’air répond aux lugubres fanfares
Que le Cosaque altier exhale dans ces lieux.

        Pleure, ô Pologne abandonnée !
        L’espoir a déserté ton cœur,
        Et la cruelle destinée
        Comble ta coupe de douleur.

        Mais la nuit de son aile immense
        À tes yeux dérobe le jour.
        Paix, ta voix trouble le silence
        Et le Baskir veille à la tour.