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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

tremblottante pouvait le lui permettre. Ah ! mon bon monsieur Desnotes, venez vite chez ma pauvre maîtresse, elle est à la dernière extrémité ; oh ! je crains bien qu’elle ne succombe, car le docteur désespère de sa vie ; elle extravague et vous appelle souvent.

Monsieur Desnotes fut exaspéré à ces paroles, il se leva subitement, courait dans sa chambre comme un possédé ; il mettait tant de précipitation à s’habiller qu’il endossait son habit avant son gilet, se chaussait d’une botte et d’une pantoufle, et voulait sortir en mettant sa serviette en cravate. La vieille Marguerite était aussi effrayée pour lui que pour sa maîtresse, et, mettant toute modestie de côté, parvint à le convaincre qu’un caleçon n’était pas un costume assez décent pour se rendre chez une demoiselle ; enfin, après mille peines, elle le tranquillisa et l’amena auprès de sa maîtresse.

Mademoiselle Lesattret ne pouvait d’abord le reconnaître, mais après un instant, elle lui dit d’une voix faible et entrecoupée : ah ! cher monsieur Desnotes, vous voici, j’en suis bien satisfaite, je suis mieux. Cependant, comme il faut être préparé à tout, et afin d’éviter les discussions que ma mort pourrait occasionner, je veux régler la distribution de mes biens. Vous sachant un ami de confiance, je vous ai choisi pour écrire mes dernières volontés. Le notaire ouvrait de grands yeux étonnés à chacun de ces mots ; il commençait à regretter de n’avoir pas depuis longtemps proposé son union à sa déité ; il renvoya le docteur et la gouvernante et se disposa tristement à écrire ce qu’on allait lui dicter ; quand il eut fini le préambule de mots barbares, qui commence toujours un testament, il la prévint qu’il était prêt.

— Je lègue à ma nièce, Joséphine Lesattret, fille de etc., etc., mes quatre maisons situées à New-York, etc. Monsieur Desnotes était plus que sérieux.

— Je lègue à mon frère, Johu Lesattret, la jouissance de vingt mille piastres d’actions de la Banque des États-Unis,