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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

être un effet de la peur qui influait furieusement sur mon moral, dans une si étrange position de mon physique.

Ma réponse parut lui faire plaisir.

— Vous êtes jeune, et sans doute la crainte, l’imagination des revenants…

Et il s’arrêta, comme pour voir si dans mes traits, ma contenance, il ne découvrirait pas quelles étaient mes pensées.

— N’avez-vous pas entendu, continua-t-il comme un bruit sourd qui sortait de la cave, une espèce de frémissement ? Du sang était-il encore là ? En avez-vous vu, dites-moi, du sang, en avez-vous vu ?

Et l’expression de son visage, en appuyant sur ces derniers mots, avait quelque chose de si atroce, que je reculai d’un pas.

— Oui, sur le mur, sur le panneau, quelques gouttes, mais rares, mais effacées par le temps…

— Et savez-vous quelle est la cause de ce sang que vous avez vu ? Connaissez-vous quelques particularités sur le crime qui a été commis là, à la petite tour ? Qu’en dit-on à la ville ? Qui soupçonne-t-on de ce forfait ?

Et comme je lui assurai que je n’en savais rien.

— Je vous crois un gentilhomme, dit-il, puis-je compter sur votre parole ?

Je lui jurai sur mon honneur de ne rien dire de ce qu’il lui plairait de me raconter.

— Puisque vous me promettez de tenir le secret, je vais vous dévoiler un crime horrible, affreux, atroce, tel que la barbarie en présente rarement dans les pages ensanglantées de l’histoire. Mais avant tout encore une fois, jurez de n’en jamais rien dire.

Et il courut à sa cabane, et en rapporta quelques feuilles de papier sales et noires, et il lut :

IV.

LA JALOUSIE.

C’était le quatre de mars, tout juste dix-neuf mois après la mort de son père et sa mère.